Dans la nuit du 18 janvier, les locaux de la célèbre brasserie la Rotonde ont été ravagés par un incendie. En attendant la remise en état et la réouverture de l’établissement, Paris Balade vous raconte son histoire.
L’histoire de la Rotonde
La Rotonde ouvre ses portes en 1903 dans le quartier du Montparnasse. Au début, ce n’est qu’un bistrot populaire sans attrait particulier. Il faudra attendre 1911 lorsqu’il sera racheté par l’auvergnat Victor Libion qui l’agrandira en y adjoignant les locaux d’un magasin de chaussures. La Rotonde devient une brasserie cosmopolite fréquentée par des allemands et des américains riches, mais surtout un lieu de rencontre d’artistes et d’écrivains. Parmi les habitués, les écrivains André Salmon, Guillaume Apollinaire, Blaise Cendrars, les peintres Modigliani, Soutine, Kisling, Foujita, André Derain, Vlaminck, les musiciens Claude Debussy, Igor Stravinski, Darius Milhaud.
Libion est connu pour son accueil chaleureux et sa générosité. Afin d’attirer la clientèle internationale, il s’abonne à la presse du monde entier. Il fait crédit à de nombreux artistes et écrivains affamés. On raconte qu’à chaque livraison de pain frais, Libion disparaissait discrètement pour leur laisser le temps d’arracher un morceau. Il avait ordonné aux serveurs de ne pas exiger le renouvellement des consommations. Les artistes pouvaient rester ainsi des heures devant un verre vide. Libion espérait que ce type de clients finiront par rendre son café célèbre et il ne s’est pas trompé : des peintres lui offraient des dessins, d’autres exposaient dans la brasserie.
Des personnalités politiques fréquentaient aussi la Rotonde. A titre d’exemple, Lénine et Trotsky qui y donnaient rendez-vous à leurs camarades de combat pour préparer la révolution bolchévique de 1917. A cette époque Lénine résidait à Montrouge et avait l’habitude de se rendre à vélo à la Rotonde.
Vers la fin de la première guerre mondiale, Libion connaît de sérieux ennuis avec la police. Accusé de trafic de tabac, sanctionné de lourdes amendes, il vend son fonds de commerce en 1918. On raconte qu’il revenait souvent boire à la terrasse de son ancien café un verre avec ses amis peintres.
Les repreneurs de la Rotonde agrandissent le café et le transforme en brasserie et restaurant, avec un dancing à l’étage. Dans l’entre-deux-guerres, des écrivains prennent l’habitude de se réunir à la Rotonde. André Breton, Louis Aragon, Raymond Radiguet, Mac Orlan ; et deux américains encore inconnus en France, Ernest Hemingway et Scot Fitzgerald ; et un jeune belge, Georges Siménon qui connaîtra, lui aussi, une gloire mondiale.
Aujourd’hui à la Rotonde, vous pouvez déguster un savoureux bar poêlé au citron ou un haddock poché à l’anglaise. Le menu qui comprend une entrée, un plat et un dessert est à 48 euros. Vous pouvez aussi boire tout simplement un verre à la terrasse ensoleillée presque toute la journée lorsque le ciel est dégagé.
Où ?
105, bd Montparnasse
75006 Paris
M° Vavin