Septembre 1960, à la sortie des vacances, les premières Peugeot 404 (lancée la même année) ont déjà pris la route des vacances, l’Action Automobile en profite pour recueillir l’avis des premiers utilisateurs. Voici l’article parue dans le numéro 1 de septembre 1960.
La 404 a quitté ses chaines pour partir en vacances
Le 10 mai dernier, après discours et toast, 300 concessionnaires quittaient le banquet Peugeot pour rentrer chez eux au volant de leur 404. Le lendemain les premières voitures étaient livrées aux premiers clients. Cadence : 120 par jour.
La saison d’été commençait, celle où l’on roule, et entre les mains de ses propriétaires la 404 a pris la route. Elle a subi l’épreuve des pointes de vitesse, des moyennes à tenir, des tournants en épingle à cheveux, des dépassements risqués, des croisements traitres, des pavés, des cassis, des gravillons. Les vacances ont été son banc d’essai public. On l’a racontée au retour, comme on raconte le ciel bleu, la pluie tenace, le restaurant incroyable, le ruisseau aux écrevisses. Qu’en dit-on?
Nous somme d’accord avec Peugeot, le public est le meilleur juge. Les comptes rendus d’essais ont généralement un défaut, celui d’être faits par des professionnels qui annoncent souvent des performances que nous ne conseillons pas – même à de bons conducteurs – d’essayer d’égaler. La 404 est une voiture sage et qu’on a voulue sage; c’est donc dans les conditions d’utilisation normales qu’il faut l’étudier.
Donc, quelques bons milliers de clients n’ont pas attendu avis, critiques, ni eu peur d’essayer les plâtres, et on voulu leur 404 tout de suite. Livrés immédiatement, ils sont partis. Il rentrent. Ils sont rentrés. Que pensent-il de leur voiture, qu’ils ont entre les mains depuis deux ou trois mois? Nous en avons interviewé cinquante qui venaient de parcourir entre 500 et 3000 km. Quelques-uns se sont dérobés, leur attachement à la marque est tel que, pour eux, la voiture est parfaite, un point c’est tout. Nous pouvons croire qu’ils réservent, le cas échéant, leurs vraies impressions à leurs concessionnaires. La grande majorité exprime une satisfaction totale. Nous n’avions aucune raison de lui donner par un questionnaire orienté des inquiétudes bien inutiles. D’autres, peu nombreux d’ailleurs, avaient des critiques à formuler :
M. Gauthier, Français d’Algérie demeurant aux Issers: « Il faut aller davantage au plancher pour s’arrêter rapidement »
M. Leresche, 7 avenue Niel, Paris : « Lors des essais de freinage, manque de progressivité et amorce de blocage des roues. Mais le concessionnaire a aussitôt revu toute le dispositif et maintenant tout va bien. »
M. Heyberger, carrossier à Rouen : « Réactions dans le train avant sur mauvais revêtement; le freinage manque de puissance à grande allure. Vibrations dans le pavillon et le toit ouvrant. »
Dr. Mallet à Rouen : « Sièges plus confortables mais n’épousant pas encore assez le dos. » Etc… etc…
Voici enfin l’opinion de M. Albert Leroy, journaliste technique au Soir de Bruxelles, après un essai de mille kilomètres :
« L’habitabilité est supérieure à tous les modèles Peugeot antérieurs, mais le volant de biais n’est pas agréable. La stabilité de base du véhicule est excellente, mais sur les pavés des routes belges, la réaction assez particulière du Mac Pherson devient inquiétante. »
Résumons-nous, les critiques sont rares et presque toutes relatives au freinage et à la suspension avant. Pour éviter les réactions critiquées par certains usagers, nous conseillons de faire vérifier périodiquement le réglage du train avant et l’état des amortisseurs. Quant aux freins, nous savons que les tambours sont maintenant parfaitement équilibrés et que l’échange a été fait sur tous les premiers modèles au moment de la révision.
A ces explications techniques, nous ajouterons une critique personnelle. La 404 a véritablement un aire de famille trop prononcé avec certaines autres créations italiennes et anglaises. Pinin Farina , qui les a toutes dessinées, et très bien dessinées, peut être taxé de manque d’imagination. Comme Vivaldi, dont on disait qu’il avait écrit cent fois la même symphonie, il est en passe de recréer cent fois la même carrosserie.
Cela ne gênera pas le succès Français de la 404 et ne devrait pas contrarier le mouvement d’exportation. Cette voiture fait bonne figure sur le plan Européen, en face des voitures de même catégorie : la Ford Taunus 1700, la Fiat 1800 et l’Austin Cambridge de B.M.C.