La voiture préférée des pilotes de Formule 1
C’est dans son numéro Spécial Salon de 1972 que le magazine Sport Auto essaye le fleuron de la gamme Mercedes du début des seventies, la mythique Mercedes 300 SEL 6.3 (nom de code W109), voiture préférée des pilotes de Formule 1 de l’époque.
La genèse de la Mercedes 300 SEL 6.3
En 1966, Erich Waxenberger, ingénieur au service « véhicules spéciaux », a l’idée de monter le gros V8 de la 600 sous le capot de la 300 SEL. Réalisé en toute discrétion, le cocktail est détonnant et serait resté anonyme, si un jour, Rudolf Uhlenhaut, le « grand maître » du bureau d’étude Mercedes, ne l’avait emprunté en toute innocence. L’ingénieur est immédiatement séduit et convainc la direction de la marque d’étudier une version en série de ce prototype. Tout va très vite, et c’est au salon de Genève en mars 1968 que Mercedes dévoile l’une des plus explosives berlines de son histoire. Son moteur fait des étincelles et autorise des performances dignes des meilleures GT de l’époque. Sous un air un peu guindé, cette grosse voiture de 1800 kg peut passer de 0 à 100 km/h en moins de 7 secondes. Sportive de haut niveau avec une suspension pneumatique ferme et efficace ainsi qu’un freinage de premier plan, la 6,3 litres cache bien son jeu. En dépit d’un tarif astronomique, près de deux fois celui d’un Porsche 911, la 6,3 litres connaîtra un succès non négligeable avec plus de 6 500 exemplaires produits en moins de cinq ans.
Paris Balade vous propose de découvrir ce qu’en pensait le célèbre journaliste José Rosinki. N’oubliez pas que Paris Balade propose des balades dans le temps à bord de la petite sœur de la 300 SEL, la 280 SE!
L’essai
Il en est certain qui vont nous traiter d’auto-satisfaits, mais il nous semble utile de reproduire ici le petit scénario que José Rosinski écrivit en préambule de son essai de la 6.3 litres. A lui seul, ce « chapeau » définit la voiture.
« Un feu rouge quelque part en ville. Dans un grondement rageur, le coupé sport jaune vif stoppe à l’aplomb des clous. Au volant, étroitement calé dans son siège baquet, le jeune pilote a déjà enclenché son levier de vitesse en première et, rythmiquement, il donne du pieds droit de secs et brefs coups d’accélérateur, surveillant de l’œil gauche le compte-tours, de l’œil droit la couleur du feu… A son coté, dans un souffle informulé, vient souplement s’arrêter une berline. Couleur foncée, aspect familier et cossu d’une conduite intérieure Mercedes parmi d’autres. Le conducteur a freiné du pied gauche, ses deux mains demeurent négligemment posées sur le volant… Tiens, soupire le pilote du coupé sport qui a jeté un méprisant coup d’œil au mastodonte, encore un bourgeois ennemi du moindre effort et amateur de boîte automatique…
Mais là-bas, le vert passe à l’orange – le jeune homme stabilise avec précision l’aiguille de son compte-tours sur le régime de couple maximal – puis au rouge – il lève délicatement le pied gauche de l’embrayage – feu vert : il relâche net la pédale, tout en enfonçant l’accélérateur à fond, dans un synchronisme parfait. Libéré, le coupé bondit en avant dans un feulement satisfait dont s’emplissent avec délices les oreilles de son pilote… Chose curieuse, pourtant la berline demeure à sa hauteur, et tandis que parvenu juste à la limite du régime autorisé, il passe avec virtuosité en seconde, il la voit même prendre un peu d’avance, inéluctablement ! Déjà, le coffre massif est à la hauteur de sa porte et tandis qu’il enclenche sa troisième, il voit avec stupéfaction la poupe de la Mercedes s’éloigner… Un sigle discret attire alors l’attention du jeune homme mortifié, ahuri, inscrit sur le coté du couvercle de malle : 6,3…
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Murmurante et pourtant propulsée à la vitesse d’un obus, la Mercedes a pris deux longueurs au coupé sport… A son bord, le conducteur strictement habillé de flanelle grise, chapeau de feutre sur le tête, lâche enfin son volant de la main droite pour appuyer sur la touche auto-chercheuse de son poste de radio : coupées net, les voix des Beatles se taisent et font place à celle d’un speaker ânonnant les cours de la bourse… »
Signalons que le monsieur habillé de flanelle grise dispose d’un V8 de 6 332 cc de cylindrée, 1 ACT, alimenté par injection indirecte, développant 250 CV DIN à 4 100 tr/mn ainsi qu’un respectable couple maxi de 51 mkg à 2800 tr/mn. Rien à redire sur la boite automatique à 4 rapports, ni sur la suspension, réglable sur la route. A bord de cette Mercedes, tout est si parfait, si fonctionnel et si luxueux que cela paraîtra extraordinaire certains, fade, voire même agaçant à d’autres… On s’endort à 218 chrono. Il est probable toutefois que pour 1973, le 6,3 litres subira des modifications sur le plan carrosserie notamment, en adoptant la carrosserie 350.
Qualités :
- Moteur extraordinairement silencieux, souple et brillant
- Finition et confort admirables
- Boite automatique merveilleuse
- Comportement routier remarquable
Défauts :
- Volant trop grand
- Détails esthétiques lourdauds
- Lunette arrière dégivrante en supplément
- Voiture trop sérieuse
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