La 560 SEC vue par Pescarolo
Henri Pescarolo essaye pour l’Action Automobile le fleuron de la gamme à l’étoile des années 80 : la Mercedes 560 SEC. L’essai date d’octobre 1986. Bonne lecture!
L’essai
Le coupé 560 SEC est garé au fond d’un parking sombre. Je m’en approche et condamne l’alarme à l’aide de la télécommande. J’ouvre la portière et m’installe au volant. Je suis seul. Je referme la porte. Soudain une main se pose sur mon épaule. Je sursaute. Je me tourne quand même vers mon agresseur. Au lieu d’un 357 Magnum, je me trouve en présence d’un bras mécanique qui me présente la ceinture de sécurité ! On doit avoir beaucoup d’arthrose quand on peut se payer cette voiture ! L’étoile a toujours été un signe extérieur de richesse. Sur un coupé 560, c’est un gage de grande fortune.
On ne présente plus la classe « S » de Mercedes. Elle symbolise le luxe, la puissance, le confort et la fiabilité. Les 500 disposaient d’une puissance confortable. Les nouvelles normes antipollution l’on sérieusement entamée. Pour conserver leur rang, face à une concurrence de plus en plus menaçante, un moteur de 5,6 litres de cylindré fut mis au point. C’est une véritable aubaine pour nous. N’ayant pas les contraintes allemandes (pot catalytique), nous pouvons disposer en France de la totalité des 300 chevaux.
Il était intéressant d’évaluer les performances de la 560 sachant que ce coupé n’est pas une voiture de sport. Mercedes se refuse d’ailleurs obstinément à cette image sportive.
La grande classe
Pas besoin de présenter sa carte de visite. La 560 SEC en impose, c’est le moins que l’on puisse dire. Voiture superbe, c’est paradoxalement l’esbroufe totale dans la discrétion et le bon goût. Ce coupé est tellement bien proportionné, que l’on en arrive à ne pas remarquer qu’il est pratiquement aussi encombrant que la berline. Il est d’ailleurs intéressant de suivre l’évolution des formes chez Mercedes depuis une quinzaine d’années. Les stylistes, tout en suivant les modes et tenant compte des derniers impératifs techniques et aérodynamiques, ont toujours réussi à conserver une ligne commune à l’ensemble de la gamme. Le plus incompétent en matière d’automobile n’a jamais besoin de déchiffrer le nom écrit sur une nouvelle voiture pour savoir que c’est une nouvelle Mercedes.
Le coupé 560 est bien dans la tradition. Capot long, habitacle important, coffre généreux, il se présente plus comme une berline 2 portes, remarquablement fine, que comme un coupé sport. Je regrette l’absence de l’étoile en forme de collimateur à l’avant, mais, sur les coupés, elle est plaquée sur le capot.
Univers de plastique
A l’intérieur, on peut considérer que tout est parfait. Tout ce qui est en option sur les autres Mercedes et c’est particulièrement irritant, est de série sur le coupé. Vous me direz que, pour le prix, c’est la moindre des choses. En dehors d’un ordinateur de bord, il ne manque rien. Toutefois, petit détail amusant, le réglage du rétroviseur extérieur coté conducteur n’est pas électrique !
Confortablement installé au volant, considérant objectivement que la finition et la présentation intérieure de ce coupé sont proches de la perfection, j’éprouve quand même un certain sentiment de frustration. Quand on achète une voiture de ce prix, sans aucune ambition sportive, n’est-on pas à la recherche de quelque chose de différent. Dans ce coupé de luxe, on pourrait se croire dans n’importe quel autre modèle de la gamme, tant les équipements sont standardisés. Mercedes s’est définitivement tourné vers l’avenir en utilisant des matériaux qui font, et surtout, feront notre univers futur. Il reste bien un peu de cuir sur les sièges et un peu de bois sur le tableau de bord. Mais tout le reste n’est que plastique et autres matières synthétiques. Leur qualité est irréprochable, évidemment ; leur tenue dans le temps sera parfaite, c’est certain, mais il y a quelques années, quand on s’installait dans une 600, on n’avait pas l’impression d’être dans une 220. Enfin, il faut apprendre à vivre avec son temps !
Attention devant !
Les Mercedes sont devenues une référence en matière de suspension. Le coupé 560 ne faillit pas à la règle. Avec son train arrière à bras multiple, ses géométries anticabrage et antiplongée, son contrôle d’assiette, ses ressorts souples et progressifs et un amortissement parfait, il n’y a pas grand-chose à reprocher à cette automobile. Tout juste faut-il se rappeler que les techniciens ont choisi de privilégier le confort. Malgré cela, l’équilibre en conduire rapide est surprenant. On a du mal à se rendre compte que l’on conduit une voiture de plus de 1700 kg. Bien sûr, le roulis est relativement important, mais même à haute vitesse, les suspensions sont toujours en mesure d’absorber à peu près n’importe quelle inégalité. Disposante en outre d’une direction remarquablement douce et précise, le contrôle des trajectoires est ainsi d’une précision rigoureuse.
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On se déplace à des allures tout à fait respectables en étant totalement isolé du monde extérieur, aucun bruit de fonctionnement et, surtout, filtration totale des bruits de roulement. C’est d’ailleurs dans ce domaine que la performance technique est remarquable. Bien que, manifestement, ce coupé n’ait aucune vocation sportive, on se prend à utiliser sans vergogne les 300 ch du nouveau moteur.
Avec 246 km/h en vitesse de pointe et 27,6 secondes au kilomètre départ arrêté, la 560 SEC se retrouve effectivement dans le groupe des bonnes voitures de Grand Tourisme. Malheureusement, les freins vous ramènent rapidement à la raison. Leur fonctionnement est parfait. Les distances d’arrêt, avec l’ABS, sont tout à fait correctes. Mais leur endurance n’est pas du tout en harmonie avec le reste des qualités de la voiture. En utilisation rapide sur la route, il y a peu de chance que cela pose des problèmes. Mais en utilisation intensive, sur petite route, ou bien en montagne, il vaut mieux se méfier.
Technique d’avant-garde pour plus tard !
Là encore, sachant que l’on dispose du fleuron de la gamme, on se sent un peu frustré de savoir qu’il existe maintenant chez Mercedes des systèmes aussi évolués techniquement que la régulation antipatinage ou que la traction intégrale, et qu’ils apparaitront plus tard (ASR) ou sur d’autres modèles (4 MATIC).
Bien des gens considèrent encore la traction intégrale comme un luxe inutile. Un peu comme une assurance, ou une ceinture de sécurité, ça ne sert pas souvent, mais quand ça sert, quel bonheur ! Une nuit passé dans ma voiture incapable de rentrer chez moi, à la suite des dernières chutes de neige en région Parisienne, même si ce n’est qu’une fois par an, pour moi, c’est une fois de trop. Sans compter que la sécurité active que procurerait une telle transmission dans la conduite d’un engin de 300 ch, c’est tous les jours qu’elle se manifesterait.
Un moteur exceptionnel
Là, on ne peut qu’être comblé. Je ne rentrerai pas dans les détails, mais pour mesurer les progrès réalisés, je me suis amusé à relire un essai de la 300 SEL 6.3 de 1968. En dehors d’une vitesse de pointe nettement inférieure en raison d’un Cx redoutable, elle avait les mêmes performances qu’une 560 ! Par contre cette dernière n’a guère besoin de plus de 17 litres d’essence aux 100 km pour y parvenir, alors que son illustre aînée engouffrait allégrement entre 30 et 40 ! Quant à la solidité, je peux vous la garantir : un moteur très peu différent sur ma Kouros développe entre 8 et 900ch sans aucun problème.
Finalement, je suis resté un peu sur ma faim, avec cette prestigieuse 560 SEC. Ses performances ne m’ont pas déçu. Elle vous emmène à plus de 245 km/h avec une facilité déconcertante. Mais, vu son prix et ce qu’elle est censée symboliser, j’espérais qu’elle se démarquerait plus, par son luxe, son confort, et ses innovations techniques, du reste de la gamme.
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Cela dit, c’est assurément une voiture d’exception, avec laquelle aucun déplacement ne vous paraitra trop long. Sa classe naturelle, affirmera la vôtre. Toutefois, une amélioration de l’endurance des freins supprimera pratiquement la seule critique possible à l’égard du haut de gamme de Mercedes.
POUR
- Qualité
- Confort
- Performances
- Image
CONTRE
- Prix
- Endurance des freins
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